mercredi 9 mai 2018

Une fracture grandissante dans le cinéma



Un coup d’œil sur le box-office 2017 est riche d’enseignements :

Titre
Box-office
(nb d'entrées)
(R. Johnson, U.S.A.)
7 197 448
2. Moi, moche et méchant 3
(K. Balda et P. Coffin, U.S.A.)
5 637 548
3. Raid dingue 
(D. Boon, France)
4 571 327
4. Coco 
(L. Unkrich, U.S.A.)
4 496 694
(L. Besson, France)
4 040 253
6. Baby Boss
 (T. McGrath, U.S.A.)
3 956 359
7. Fast and Furious 8 
(F. Gary Gray, U.S.A.)
3 838 447
8. Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar 
(J. Rønning et E. Sandberg, U.S.A.)
3 676 016
9. Alibi.com 
(P. Lacheneau, France)
3 581 581
10. La Belle et la Bête 
(B. Condon, U.S.A.)
3 568 384

On constate qu’aux dix premières places, il y a 7 films américains et 3 français (et la proportion atteint 16 américains pour 4 français sur les 20 premières places…).
Sur les 7 films américains, 4 sont des longs métrages d’animation destinés aux enfants et les 3 autres sont des blockbusters qui sont la énième suite d’une série.
Sur les 3 films français, l’un singe de son mieux les blockbusters américains (Valérian de L. Besson), quand les 2 autres sont des comédies lourdes et abêtissantes.

En un mot il y a bien peu de cinéma dans ce box-office. Il n’y a aucun film, ici, pour le cinéphile, mais uniquement des films qui sont des produits de consommation, destinés à rassasier le spectateur.
Et, conséquence directe : il n’y a pas de film qui s’adresse à la fois au cinéphile et à ce spectateur consommateur d’images. Le cinéphile est rejeté hors les murs, dans son petit cercle qui se referme de plus en plus sur lui-même, tandis que le spectateur consommateur voit disparaître peu à peu ses chances de rencontrer un motif cinématographique qui le surprenne, de ressentir une émotion ou de découvrir une humeur différente de sa culture télé-clip mainstream.
Dès lors la discussion devient impossible : deux mondes se créent parmi ceux qui regardent des films, deux populations de spectateurs qui, lorsqu’ils parlent de cinéma, ne parlent plus du tout de la même chose et n'ont plus rien à se dire. Il manque, dans le cinéma d’aujourd’hui, des films intermédiaires, qui fassent se côtoyer ces deux populations de spectateurs.


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