lundi 20 avril 2015

La Règle du jeu (J. Renoir, 1939)



La Règle du jeu Jean Renoir Affich ePoster

C’est un film étourdissant, devant lequel – pour qui sait voir – on reste à la fois stupéfait et estomaqué. Aussi bien dans le déroulement du drame, que devant le délire fabuleux et inépuisable de toute la longue séquence dans le château, avec les intrigues des maîtres et des valets qui se croisent et se superposent, avec la mise en abîme du cinéma, avec la dissection aiguë de la société, et, bien sûr, la frénésie folle qui émane du film.
On sait que le film est passé par mille maux avant et après sa réalisation, depuis le choix des acteurs jusqu’aux coupures de post-production. On sait aussi combien il fut rejeté avant d’être réhabilité et devenir un film mythique. Sa facture est éblouissante, son propos dur et très dense.
Les personnages en sont maintenant légendaires, les acteurs collant à leur rôle. Renoir lui-même – qui avait conscience de ses limites en tant qu’acteur – joue un Octave à la fois drôle et pathétique qui parvient à lier entre eux les différents niveaux du drame : il est l'ami de Madame, tout en courtisant avec légèreté Lisette.
Une histoire d’amour – un amour sincère et tragique – traverse le film. Elle permet à Renoir de déambuler dans une société légère, décadente, tout en perte de repères. Cette décadence est l’expression pour Renoir des désastres à venir – désastres qu’il pressentait.

Renoir s’inspire des Caprices de Marianne, et, comme Musset, oriente sa comédie vers le drame. Renoir choisit donc un ton de comédie pour décrire la décadence qui conduit à la tragédie : l’assemblage des deux tons est au cœur de son idée.
Mais on n’a pas ici l’idée d’un film parfait, loin s’en faut. C’est plus une truculence incroyable que le déroulement exceptionnel d’une histoire. Quand on pense à un film parfait on pense à certains films de Hitchcock ou de Mizoguchi ou encore, en France, au Jour se lève de Carné. Mais Renoir a ce génie, cette folie créatrice merveilleuse.
C’est un film que l’on peut revoir infiniment. Claude Chabrol explique l'avoir vu une centaine de fois et François Truffaut disait à son propos qu’on pourrait le voir tous les jours, pour voir s’il s'y passait les mêmes choses.


La Règle du jeu Jean Renoir

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire