dimanche 17 mai 2015

Elle et lui (A love affair de L. McCarey, 1938 et An Affair to Remember de L. McCarey, 1957)


Elle et Lui An affair to remember Cary Grant Deborah Kerr Leo McCarey Poster Affiche


Un même titre pour deux films. Si le titre français est le même, le titre original est différent : Léo McCarey réalise A love affair tout d’abord en 1938, puis, dix-neuf ans plus tard, An affair to remember. Pratiquement scène pour scène il s’agit du même film, les lignes de dialogues sont aussi quasiment identiques.

Le plus brillant tout d’abord. An affair to remember est un chef-d’œuvre absolu. Il éblouit par sa dualité : une première partie de comédie, en un ping-pong délicieux et drôle. Puis une halte sur la côte méditerranéenne, qui est le climax absolu du film, prémices à une seconde partie dans laquelle le film change de registre, glisse vers le drame pour finir dans une séquence extraordinaire où le rire et les larmes se côtoient comme jamais. Bien entendu Cary Grant est éblouissant, d’abord dans le registre qu’il maîtrise absolument (son charisme, sa décontraction, son phrasé ultra rapide en font un génie de la comédie) puis ensuite en se coulant dans la tristesse de l’abandon. Deborah Kerr est une complice parfaite, elle a ce petit piquant ironique d’abord, puis cette douceur ensuite qui complète Cary Grant. L. McCarey, sur ses vieux jours, signe sans doute son chef-d’œuvre (dans une filmographie avec pourtant tellement de films admirables) et met beaucoup de lui-même dans son héros Nicky Ferrante. Et c’est l’évolution des deux personnages découvrant, malgré eux, leurs sentiments, qui fait infléchir le ton du film.

Elle et Lui Love Affair Charles Boyer Irene Dunne Leo McCarey Poster Affiche

Il est fascinant de comparer cette réussite extraordinaire avec A love affair. On l’a dit ce premier film est très proche de son remake somptueux. Et pourtant ce premier film, déjà très bon, reste très en-dessous de son remake. Rien de génial ou de lumineux ici. Réfléchir au comment du pourquoi de ce qui différencie les deux films est fascinant.
Les acteurs sont très bien : Charles Boyer, en French lover, a lui aussi une touche ironique dans sa séduction (même si le style est plus daté et emprunté que celui de C. Grant), et Irene Dunn est convenable (elle pêche un peu, malgré tout, en regard de la fraîcheur de D. Kerr).

Non, ce qui différencie les deux films c’est le manque de relief du premier, son manque de rythme. On sait que la mise en scène  doit sentir le rythme, eh bien dans ce premier film la comédie n’est pas assez enlevée (on est loin de la screwball comedy que l’on approche par séquences dans le second), les émotions sont trop feutrées ensuite, trop retenues. Les tons y sont moins marqués, le glissement d’un ton à l’autre est plus doux. La séquence de la visite à la grand-mère n’est pas ressentie de la même manière, la magie opère moins. Dès lors n'apparaît pas ce basculement que l’on ressent si fortement dans An affair to remember.

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