vendredi 4 décembre 2015

Le Cheval de Turin (A Torinoi Lo de B. Tarr, 2011)



Exceptionnel film de Bela Tarr : on n'a jamais filmé ainsi. Le film est assez long, les plans sont peu nombreux. Dès lors on a compris : il se dit peu de choses, chaque plan est une séquence de plusieurs minutes. Et encore, comme une vis sans fin, des séquences sont répétées, et les jours tombent. La narration, pourtant, est une ligne droite.
Parler de lenteur semble hors de propos. Il faut cesser d'attendre un événement, une action, une image suivante, non, il faut contempler l'image présente, la ressentir, jusqu'au toucher. Et se laisser porter (d'autant plus que la musique est une hypnose). On a alors l'impression (pour reprendre une formule utilisée par Daniel Arras à propos de la peinture) que le film se lève devant nous et s'adresse à nous.


Ici l'Homme est seul face à la Nature, face au temps. L'Apocalypse couve, le monde tangue, le soleil disparaît et le vent souffle. On comprend que Bela Tarr (réalisateur du très bon Homme de Londres et des extraordinaires Harmonies Werckmeister) annonce ici son dernier film.
En fait c'est simple, Michel Tournier disait de la Bible qu'elle avait été écrite pour lui, je crois que Le Cheval de Turin, vu la manière dont il s'adresse à moi, a été filmé pour moi.


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