dimanche 12 mars 2017

Black Coal (Bai Ri Yan Huo de Diao Yi'nan, 2015)




Excellent film noir qui propose une revisite étonnante du genre. Réaliser un film noir original n'est pas une mince affaire tant le genre a été codé par le cinéma américain et tant il a été décliné mille et une fois.
Mais Diao Yi'nan réussit cette gageure avec maestria : il emporte le spectateur dans une ville industrielle, charbonneuse, glacée et noire du Nord de la Chine, et fait s'empêtrer l’inspecteur Zhang Zili dans une sordide histoire qui se met en place lentement, à coups de détails glauques, d'ellipses éblouissantes et de séquences qui sont autant de coups de théâtre.
L'explosion de violence chez le coiffeur (début de la descente aux enfers pour Zhang) s'accompagne d'une explosion visuelle avec des couleurs détonantes, dans un ensemble jusque-là terne et gris.



Un peu plus tard, l'ellipse de quinze ans en un long plan séquence sous la neige, interrompu d’un cut et d’un demi-tour, est une brillante démonstration technique mise au service d'une narration virtuose.


Les personnages s’épaississent au fur et à mesure du film, avec ce qu’il faut de destin qui les étreint (comme dans tout film noir). Zhang parvient à une difficile rédemption, lui qui apparaît perdu après l’ellipse temporelle de quinze ans ; de même Wu, longtemps fantomatique, éternellement suivie par son mari prétendument mort.
L'histoire elle-même est très complexe et bien comprendre ses tenants et aboutissants demande plusieurs visions (et le film s’enrichit à chaque nouvelle vision), la seconde vision permettant de passer par-dessus les surprises (qu'elles soient scénaristiques ou de mise en scène) pour mieux commencer à intégrer tous les pions disséminés par Diao Yi'nan et qui sont lentement raccordés les uns aux autres. C’est que rien n’est clair et net dans cette histoire, tout semble opaque, caché, les vérités sont sordides et restent longtemps indicibles. La peinture sociale de cette Chine du Nord est très dure, âpre, glacée.



Le titre original du film (en chinois « feux d’artifice en plein jour »), en plus de faire écho à la boîte de nuit qui est une étape importante de l’enquête, annonce le final en suspens.


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