jeudi 2 février 2017

Les Sept mercenaires (The Magnificient seven de A. Fuqua, 2016)



Western très décevant, qui reprend la trame du film de Sturges (qui était lui aussi, déjà, une adaptation), mais en opérant quelques changements décisifs et regrettables. Il s’agit en fait, pour le réalisateur, de faire un western-blockbuster. Et il suit la recette avec application.
D’une part le réalisateur (qui est décidément bien terne et n’a d’autre qualité que celle d’un grand professionnel « technique ») italianise complètement son film : il semble bien que, de Tarantino à Fuqua, on ne sache plus filmer un western autrement qu’en faisant un ersatz de Sergio Leone. Et il ne s’agit pas seulement de la forme (il y a ici mille plans qui sont des copier-coller de ce qu’on trouve dans les westerns spaghettis, où le héros remonte lentement la tête jusqu’à ce que les yeux apparaissent par-dessous le chapeau : Fuqua ne joue pas avec les codes du western il en garde les aspects les plus mécaniques) mais aussi du fond : les méchants sont très méchants et les gentils très gentils. On pourrait objecter que les gentils sont des criminels ou des chasseurs de prime. Mais Fuqua ne s’intéresse guère à cet aspect : ses mercenaires sont là pour défendre la veuve et l’orphelin, et, même, par leur sacrifice, les voilà pardonnés et réhabilités.
Et c’est ainsi que tout est à l’excès : l’Ouest n’est que le déchaînement de la loi du plus fort et le chef des méchants (qui n’est plus un bandit mais un industriel !) n’est qu’un pervers épouvantable.
D’autre part, Fuqua installe dans son film des éléments propres aux films d’action actuels. L’image est impitoyablement numérique, avec un grain brillant et un jeu outré de la lumière et de la poussière qui donne non pas un aspect réaliste mais un aspect, au contraire, artificielo-numérique. Et certains personnages sont des avatars des films d’action modernes. Un exemple représentatif : là où le personnage joué par James Coburn, dans le film de Sturges, jouait avec un couteau, il est ici représenté à l’écran par un asiatique bardé de sabres et de lames en tout genre et qui se bat comme dans un film de John Woo. Ajoutons aussi un zeste de bien-pensance dans le choix des mercenaires (un héros noir, un bon indien qui tuera le mauvais indien, un asiatique ; des méchants bien blancs, là où Yul Brynner et ses sbires massacraient du Mexicain).
Est-il besoin de parler du casting, très gros point fort du film de Sturges, et qui ici laisse perplexe ? Denzel Washington surjoue de façon fatigante et stérile (quand Fuqua l’utilise, il n’en fait décidément pas grand-chose), et les autres acteurs affadissent considérablement les personnages (déjà bien peu épais, certes).

On comprend que ce n’est pas avec ce type de film que le western, genre moribond et de plus en plus méconnu, va renaître de ses cendres. Bien au contraire, ce produit commercial caricatural laisse penser que le western, simplifié à l’extrême depuis la fin des années 60 et affadi encore aujourd’hui par les modes des films d’action, n’a plus rien à dire et qu’il n’en finit pas de mourir.

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