samedi 23 juillet 2016

Il était une fois en Amérique (Once Upon a Time in America de S. Leone, 1984)




Dernier film de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique est aussi son second chef-d’œuvre (après Il était une fois dans l’Ouest). Sortant de son maniérisme westernien, Leone déroule 45 ans de la vie de David Aaronson, alias « Noodles », gamin d’un quartier de New York qui devient gangster pendant la prohibition avant d’être trahi. Le film est très ample et la période de l’adolescence de Noodles exceptionnelle.

Le film est construit autour d’allers-retours (1) entre le temps présent du film (la vieillesse de Noodles, en 1968) et différentes époques du passé (en 1922, quand il était adolescent, et en 1933, quand il est adulte).
L’évocation de la jeunesse de Noodles est d’une poésie magnifique, empreinte de nostalgie, avec des transitions éblouissantes : en particulier quand Noodles, devenu vieux et revenant sur le lieu de sa jeunesse, regarde par une fente du mur et contemple son passé.

Noodles, âgé, regarde par la fente du mur...
Il y contemple ses souvenirs...
Cette manière de procéder ancre ces événements du passé : le passé ne disparaît pas tant que Noodles le garde en lui.
Tout le film n’est ainsi qu'une quête du temps passé (et en même temps une quête du temps perdu, quête proustienne s’il en est), au fur et à mesure que Noodles comprend qui l’a trahi et qui le manipule ainsi, bien des années plus tard.
Il faut noter combien les acteurs sont formidables, non seulement Robert De Niro ou James Wood (on n’en attend pas moins d’eux), mais aussi bon nombre d’acteurs secondaires (en particulier les acteurs qui interprètent les personnages principaux lorsqu’ils sont jeunes).
Ce mélange des époques donne au film une tonalité très nostalgique et triste (tonalité qui explose dans le visage de De Niro lorsqu’il reflète la douleur de ce temps à jamais perdu). La première et la dernière séquence du film – qui s’organisent toutes les deux autour de la fumerie d’opium – permettent bien des conjectures : tout le film n’est peut-être qu’une rêverie de fumeur d’opium perdu dans les brumes de la drogue (2).





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(1) : Il faut noter qu’il n’y a qu’en France que le film est sorti en respectant le montage souhaité par S. Leone (aux USA le film est sorti avec une histoire présentée de façon chronologique).

(2) : D'après J.- B. Thoret, S. Leone a puisé son inspiration pour la séquence de fumerie d'opium dans la fin de John McCabe, où, effectivement, dans un beau jeu d'images, Mrs Miller abîme sa lassitude triste et abandonnée dans l'opium.

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