mardi 3 septembre 2013

Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache de J. Ford, 1948)




Très important film de Ford, qui constitue le premier de ses trois films consacrés à la cavalerie (le deuxième, La Charge héroïque en est une quasi-suite). Le film est d’importance car il est le premier où les Indiens deviennent des interlocuteurs dignes de confiance et de respect (tout au moins selon le point de vue du capitaine Kirby York, dont l’opinion sera ignorée par le borné Thursday). Jusqu’alors les Indiens n’étaient que des sauvages dévalant de la colline, ici, au travers de Cochise, ils deviennent des ennemis respectables. Mais le colonel Thursday – version fordienne de Custer – campe lui sur l’ancienne vision raciste et reste cantonné aux anciennes représentations.



Le général Custer apparaissait jusqu’à présent sous les traits d’Errol Flynn dans la très belle Charge fantastique de Raoul Walsh. Si le film est admirable, en revanche Custer ressemblait en réalité bien peu à ce héros hollywoodien intègre et plein d’allant. Ford le dépeint sous les traits d’un soldat borné, raciste, et qui mènera ses hommes dans une mission suicide.



Ce premier regard de Ford sur la cavalerie lui permet de conjuguer différents points de vue : la cavalerie apparaît comme le creuset communautaire, celui dans lequel les différentes communautés vont pouvoir se fondre et se souder – thème fordien s’il en est. Les simples soldats ou les moins gradés sont valeureux mais le commandant de la place, lui, est incapable de comprendre les peuples et ne peut mener qu’à l’échec et à la guerre. En parallèle Ford montre des Indiens intègres, trahis par Thursday et qui sont acculés à la guerre. Bien loin de faire un peu naïvement l’éloge de la cavalerie, la réflexion de Ford est, comme toujours nuancée et complexe.
Le film se termine par un premier jalon dans la réflexion de Ford concernant l’écart entre la réalité et la légende, lorsque York explique que Thursday est mort héroïquement. Cette réflexion sera évidemment reprise et théorisée pleinement dans L’Homme qui tua Liberty Valance.


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