mardi 24 avril 2018

Still Life (Sānxiá hǎorén de J. Zhang-ke, 2006)




Très beau film de Jia Zhang-Ke, qui propose sur la Chine d’aujourd’hui un regard à la fois doux, mélancolique (mais sans accablement) et d’une grande poésie.
Zhang-Ke utilise un argument simple (un homme puis une femme tentent de retrouver des proches) pour explorer un pays en pleine mutation. C’est que le gigantesque barrage des Trois Gorges a déjà englouti de nombreux villages et de nombreux autres sont voués à disparaître. On voit comment les hommes sont emportés dans ce destin d’un pays qui leur échappe, comment l’eau recouvre la substance de leur vie et comment l’idée, pour le pays, d’un lendemain meilleur, se traduit pour eux en un déracinement insoluble.
Les images de Jia Zhang-Ke sont lentes mais vibrantes et poétiques : il filme avec douceur la monstruosité de ce qui se déroule. Les destructions en cours, les engloutissements déjà faits, les immeubles à l’abandon, et cette armée de petites mains qui, de façon hallucinante et disproportionnée, abat, à la masse, les immeubles.


Et ce n’est qu’en arrière-plan d’une scène de séparation, quand Shen Hong retrouve son mari non par pour se rapprocher lui mais bien pour se séparer, qu’apparaît le gigantesque ouvrage, que Zhang-Ke se garde bien de nous montrer par ailleurs. Il préfère nous montrer le paysage, les gorges, l’eau qui recouvre les villages et les immeubles en ruine, la vie qui s’organise et disparaît peu à peu, les immeubles marqués qui vont être détruits, et cette vie ralentie des hommes. On ressent alors parfaitement l’incroyable puissance visuelle de Zhang-Ke qui capte les choses.


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