samedi 23 décembre 2017

Folies de femmes (Foolish Wives de E. von Stroheim, 1922)




Le film est à la démesure de Stroheim : un tournage monstre, sur une durée de près d’un an (au lieu d’une dizaine de semaines comme prévu), de gigantesques décors (la reconstitution grandeur nature, dans les studios d’Universal, de la place centrale de Monte Carlo) et des milliers de figurants. Folies de femmes, tel qu’il apparaît aujourd’hui, est largement mutilé – comme tant d’œuvres du réalisateur – et il est bien difficile de discuter du rythme, de l’équilibre du film ou même du scénario. Le film, d’une durée de plus de 8 heures, à coup de coupes successives, est visible aujourd’hui dans un format de 2 heures 20.


Le propos néanmoins garde toute sa force : le film met en scène toute la dépravation de la haute bourgeoisie, avec un baroquisme à la hauteur de la décadence qu’il montre. Le faux comte Karamzin, avec ses calculs froids et cyniques, est le révélateur (dans le sens chimique du terme) de l’hypocrisie sociale. Le regard cru et naturaliste de Stroheim dépeint toute la fausseté de cette société avec une force inouïe pour l’époque et avec une morbidité teintée d’autodérision qui sont un terrible miroir – à la fois grossissant, déformant et sans concession – jeté à la figure du spectateur.


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