vendredi 9 juin 2017

Idiocracy (M. Judge, 2007)




Comédie de série B, traitée malheureusement légèrement et assez médiocrement alors qu’elle bénéficie d’un pitch excellent. Envoyer un homme moyen, sans intérêt et sans relief, dans un futur où tout le monde est dégénéré et où il passe, par comparaison, pour un parfait génie, est une très bonne idée.
Il est bien dommage que la réalisation soit si fade, on imagine ce qu’un réalisateur plus inspiré et capable (par exemple Terry Gilliam ou Wes Anderson) aurait pu construire autour d’un tel scénario, qui permet bien des facéties.

L’amusant postulat du film est que, en occident en général et aux États-Unis en particulier, l’intelligence dégringole au fil des années et des siècles. À tel point que Joe, choisi pour son QI mathématiquement moyen, est maintenant l’homme le plus intelligent du monde. Remarquons que bien des indices vont dans le sens de ce postulat et que la télévision n’est pas étrangère à cet état de fait, ce dont rend compte Idiocracy.
C’est ainsi que, malgré les défauts du film, la charge contre la société américaine est très forte. L’homme moyen du futur est réduit à un beauf stupide, dégénéré et décérébré par la télévision (ce qui, malheureusement, n’est qu’une exagération à peine forcée de ce qui se manifeste déjà). Le film est bien vu dans cette construction d’une Amérique semblable à celle d’aujourd’hui mais dont tous les curseurs inquiétants sont poussés un cran plus loin : bêtise généralisée chez des beaufs ventripotents, y compris dans les métiers qui requièrent de la compétence (médecine, politique, justice) ; omniprésence et provocation outrancière des publicités ; art dégénéré, généralisation totale des boissons sucrées qui viennent remplacer l’eau en tant que boisson et jusque dans l’irrigation des champs (!), etc. De même, la société spectacle – corollaire de l’abrutissement télévisuel – s’est étendue sans limite, depuis la politique jusqu’à la justice.
La caricature est certes aisée mais elle porte : au-delà de la légèreté de la comédie, le film a un aspect effrayant incontestable.


Le moment où Frito, crétin parmi d’autres, est planté devant sa télé, rappelle L'Opium du peuple, un des sketchs des Monstres, et rappelle aussi, cela va sans dire, une sinistre vérité.

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