Bob Fosse
choisit de traiter un thème dur (l’imminence de la mort) au travers de la forme
joyeuse et dansante de la comédie musicale. Et ce mélange de prime abord
étrange réussit parfaitement : le film équilibre l’humour, l’ironie, l’inventivité
et la musicalité tout en racontant le malaise cardiaque fatal de Joey Gideon,
chorégraphe réputé obsédé par son travail.
Bob Fosse
réalise un film très autobiographique, dont l’idée lui est venue à la suite d’un
accident cardiaque. Joey Gideon (très bon Roy Scheider) est ainsi un double du
réalisateur – jusque dans son look : tout en noir avec sa petite barbiche – et on le suit dans
la préparation d’un spectacle musical et dans le montage d’un film. On pense à Huit et demi, avec ce regard de l’artiste
sur tout ce qui le submerge, sa peur de ne pas tenir, de ne pas
satisfaire sa propre exigence créatrice, d’être fauché par la mort.
Et le talent de
Fosse lui permet de passer outre la minceur du scénario (on peut résumer
l’histoire, sans rien omettre d’essentiel, en une phrase) pour, à la fois, représenter
sa peur de la mort, figurer la vie par la danse, montrer la préparation de
façon semi-documentaire du montage d’un show et participer de l’enterrement du
genre en assumant un aspect kitsch et outrancier qui répond à la morbidité du
sujet.
La danse (dans des
chorégraphies typiques de Fosse) devient une figuration de la vie, de l’urgence
du corps à exister, de l’existence éphémère. L’aspect métaphorique des numéros
explose à la fin, lorsque la mort, fascinante et fatale, et avec laquelle Joey a palabré tout le film, lui tend ses bras.
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