lundi 6 mars 2017

Que le spectacle commence (All That Jazz de B. Fosse, 1979)




Bob Fosse choisit de traiter un thème dur (l’imminence de la mort) au travers de la forme joyeuse et dansante de la comédie musicale. Et ce mélange de prime abord étrange réussit parfaitement : le film équilibre l’humour, l’ironie, l’inventivité et la musicalité tout en racontant le malaise cardiaque fatal de Joey Gideon, chorégraphe réputé obsédé par son travail.
Bob Fosse réalise un film très autobiographique, dont l’idée lui est venue à la suite d’un accident cardiaque. Joey Gideon (très bon Roy Scheider) est ainsi un double du réalisateur – jusque dans son look : tout en noir avec sa petite barbiche – et on le suit dans la préparation d’un spectacle musical et dans le montage d’un film. On pense à Huit et demi, avec ce regard de l’artiste sur tout ce qui le submerge, sa peur de ne pas tenir, de ne pas satisfaire sa propre exigence créatrice, d’être fauché par la mort.



Et le talent de Fosse lui permet de passer outre la minceur du scénario (on peut résumer l’histoire, sans rien omettre d’essentiel, en une phrase) pour, à la fois, représenter sa peur de la mort, figurer la vie par la danse, montrer la préparation de façon semi-documentaire du montage d’un show et participer de l’enterrement du genre en assumant un aspect kitsch et outrancier qui répond à la morbidité du sujet.
La danse (dans des chorégraphies typiques de Fosse) devient une figuration de la vie, de l’urgence du corps à exister, de l’existence éphémère. L’aspect métaphorique des numéros explose à la fin, lorsque la mort, fascinante et fatale, et avec laquelle Joey a palabré tout le film, lui tend ses bras.

Le rituel matinal de l’artiste vient génialement scander le film, au son du concerto pour cordes et basse de Vivaldi. On y voit Joey, de plus en plus usé par son rythme de vie, les drogues, les boissons, les femmes. Mais pourtant, à chaque fois, le spectacle doit continuer.



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