mardi 28 février 2017

Où est la maison de mon ami ? (Khāneh doust kojāst de A. Kiarostami, 1987)




Très beau film de A. Kiarostami, à la fois simple et touchant, et duquel, au-delà de sa forme épurée, surgit un charme émotionnel puissant. Cette histoire d’un petit garçon qui doit aller rendre un cahier à un camarade de classe pour que celui-ci ne se fasse pas renvoyer de l’école, bien loin d’être simpliste, fait rayonner une humanité touchante et sincère.
On lit dans l’extraordinaire visage de Ahmad, à la fois naïf et fragile, la complexité des sentiments qui passent, et la compréhension de ce qui arrivera s’il ne rend pas le cahier de son camarade. Et, par sa caméra qui saisit ce regard de l’enfant, Kiarostami parvient à rendre grave cette méprise qui, dans le monde des adultes, n’est pas bien importante. Les adultes, d’ailleurs, qui ne peuvent comprendre ce qui se joue, depuis la mère d’Ahmad, jusqu’à ce menuisier qui a besoin de rédiger un rapide contrat et qui déchire une feuille, sans se rendre compte du caractère précieux et sacré du petit cahier.
On sait pourtant peu de choses du lien entre Ahmad et Mohamad. Ils sont camarades d’école, voisins de banc mais ils habitent loin l’un de l’autre et il faut faire les devoirs avant de pouvoir jouer, quand il n’y a pas les parents à aider. On peut ainsi voir dans cette quête d’Ahmad, non pas seulement la recherche de la maison de Mohamad, mais aussi la quête d’un ami. Et cette escapade jusqu’au village voisin, en soi modeste, apparaît quasi initiatique à l’échelle de l’enfant qu’il est, elle le confronte au monde adulte, dans ce village qu’il ne connaît pas et qui est pourtant juste à côté, alors que la nuit tombe.


On notera que Kiarostami choisit de ne pas filmer le moment où Ahmad emporte par mégarde le cahier de son voisin (ce qui revient à insister sur l’aspect involontaire de sa méprise), de même qu’il fait l’ellipse sur le trajet de retour à la nuit tombée.
Et le cahier, objet qu’Ahmad ne parvient pas à rendre le soir même (il s’arrête devant la porte désignée et ne frappe pas), devient un objet qu'il devra compléter pour pouvoir être ramené. La dernière séquence, le lendemain matin, à l’école, est magnifique.


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