samedi 25 février 2017

Jackie (P. Larrain, 2016)



Le biopic de Pablo Larrain tente de saisir le moment où, juste après la mort de JFK, le couple Kennedy devient un mythe. Il montre donc Jackie lors de son interview fameuse à Life, une semaine après l’assassinat de Dallas, qui raconte les événements. Le film est donc très américain : ce couple mythique est bien plus présent dans les mémoires américaines que françaises, où c’est davantage le choc de l’assassinat qui s’est inscrit dans les mémoires.
Natalie Portman est parfaite. Elle parvient même à se faire oublier et l’on voit Jackie, avec sa coupe de cheveux, ses tailleurs, sa robe tachée de sang.
Consciente que son mari n’a pas eu le temps de réaliser de grandes choses, Jackie se démène pour lui faire des funérailles d’une ampleur historique (en partant de celles de Lincoln) afin d’ancrer le destin de John Fitzgerald dans l’histoire des Etats-Unis. Mais Jackie reste à peu près inconsciente de l’aura qu’elle a déjà (depuis l’émission de télé à grand succès où elle fait découvrir la Maison-Blanche et sur laquelle s’attarde le réalisateur) de même qu’elle ignore (on peut le comprendre) combien son assassinat a propulsé aussitôt son mari au rang de légende brisée.
Mais Larrain joue intelligemment, durant le film, avec des allers-retours incessants entre le moment de l'interview et l'actualité récente, et en mélangeant les moments et les émotions. L’interview de Jackie, filmée en champ-contre-champ francs et prise de face, la montre en pleine construction de son mythe, avec une clairvoyance et une volonté de maîtrise d’images très modernes. On remarquera que Larrain mélange aux images qu’évoque Jackie des extraits de l’émission de télé qu’elle n’évoque pas : c’est donc ici le réalisateur qui entreprend, avec une distance d’un demi-siècle, de réfléchir à la naissance du couple mythique. De même, en fin de film, il montre Jackie découvrir des mannequins de mode avec sa coiffure et ses tailleurs, montrant ainsi combien son aura la dépasse, quoi qu’elle cherche à maîtriser. Larrain s’amuse aussi à égrener quelques images d’archives, pour ancrer définitivement son récit dans la légende américaine.


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