lundi 6 février 2017

Charulata (S. Ray, 1964)



Très beau film de Satyajit Ray, qui explore avec calme et minutie les sentiments naissants de Charulata, la femme oisive isolée dans la demeure riche de son mari, qui découvre l’amour pour son jeune beau-frère.
Ray propose un film délicat, à l’image extraordinaire, et il promène avec sa caméra, d’une pièce à l’autre, jouant des lumières, des clins d’œil, s’inspirant de Renoir (les gros plans, le jeu autour de la balançoire), oppose les intérieurs et les extérieurs dans le jardin, tout en contenant les sentiments et en maitrisant les émotions, montrant le labeur idéaliste du mari Bhupati – symbole de l’Inde qui s’émancipe – et l’oisiveté artistique d’Amal, avec lequel Charulata passe de la complicité à la passion.
Le film est d’une très grande beauté plastique, beauté qui s’incarne à la fois dans la photo limpide et claire, dans le visage de la très belle Madhabi Mukherjee mais aussi dans la calligraphie que Ray filme longuement.


Ray, comme Renoir avant lui, oscille entre une poésie sensible et un monde réaliste et il oppose la femme d’intérieur qui s’égare dans les jardins et son mari, Bhupati, chez qui le projet journalistique prend toute la place, qui ne sait rien de ce qui se joue dans les pièces de sa demeure et qui comprend trop tard la passion solitaire de sa femme.

S’éloignant du réalisme de ses premiers films (La Complainte du sentier et ses suites), Ray opte pour la beauté formelle et une histoire de bourgeoisie où les cœurs restent pris dans l'ordre social.


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