lundi 8 août 2016

Le Jour se lève (M. Carné, 1939)




Très grand film du cinéma français, réalisé par un Marcel Carné qui maîtrise les studios de main de maître (notamment au travers de cette fameuse chambre où Gabin s’enferme comme un forcené). Le film est techniquement parfait et Carné innove en utilisant des flash-backs. Cela lui permet de commencer par l'aspect tragique du drame (le coup de feu) puis de remonter aux sources de cette histoire somme toute très classique (l’ouvrier amoureux de la fleuriste et bientôt jaloux). Carné rebondit sans cesse avec facilité pour dérouler impeccablement son histoire.
Carné teinte son fameux réalisme d’une certaine poésie (on sent l’influence de Prévert même si elle n’explose pas encore comme dans Les Enfants du Paradis) et il parvient – de par ses allers retours entre passé et présent – à faire glisser sans cesse ses personnages du bonheur intense de l’amour à la douleur la plus poignante (exceptionnelle composition de Gabin, que l’on voit tour à tour transi d’amour ou désespéré). Ce rôle de Gabin, interprétant François, l’ouvrier jaloux ("Mais tu vas la taire ta gueule !"), est resté très célèbre. De même, Jules Berry et Arletty sont parfaits.
Si le film est, au niveau formel, tout à fait parfait, on n’y trouve toutefois pas la même beauté poétique que dans Les Enfants du paradis, ni le génie bouillonnant de Renoir (celui de La Règle du jeu par exemple).


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