mardi 27 octobre 2015

Twelve Years a Slave (S. McQueen, 2013)




Twelve Years a Slave montre le terrible quotidien d’un esclave dans les Etats-Unis des années 1840. On a donc droit à un catalogue des sévices, le tout servi par une image volontiers esthétisante et très doloriste.
Le propos du film, aussi bien dans son scénario que dans son image, est de nous montrer que l’esclavage des Noirs fut épouvantable. Fort bien. Mais on s’interroge : qui ignore l’inhumanité de ce que fut l’esclavage ? Pourquoi ce film ? Qui cherche-t-on à convaincre ?
L’inutilité du propos dissout totalement le poids de ce qui est montré.

On notera néanmoins qu'il s'agit de l'adaptation du récit d'un ancien esclave qui raconte son histoire (Solomon Northup). Et le film nous montre que la lutte pour la survie est tellement dure qu'il n'y a pas de fraternisation entre esclaves ou de lutte solidaire. Cet aspect est  très intéressant puisqu'il va à rebours des images habituelles où l'on nous montre une prise de conscience collective des esclaves. Ici c'est davantage chacun pour soi. Enfin le film montre très bien l'omniprésence de la Bible qui est pervertie et détournée pour servir de socle moral à un comportement épouvantablement inhumain. À sa première apparition, le terrible Edwin Epps lit la Bible et l’utilise pour justifier sa cruauté.

Le cinéma, pourtant, a déjà traité brillamment le thème de l'esclavage. On regrette alors qu'un film semble repartir de zéro, comme si rien n'avait déjà été dit ou montré. Mandingo de R. Fleischer, par exemple, sur le même sujet de l'esclavage des Noirs, développe une vision acérée (et qui ne retient pas ses coups) sur la vie dans le Sud esclavagiste. On pense aussi, bien sûr, à L'Intendant Sansho de K. Mizoguchi, splendide chef-d’œuvre à la portée universelle.



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