lundi 13 juillet 2015

Les Affranchis (Goodfellas de M. Scorsese, 1990)




Un des meilleurs films de gangster de ces 30 dernières années. Scorsese parvient, dans un genre éculé et dominé par des références envahissantes (Le Parrain), à réaliser un film éblouissant sur la mafia. Mais il faut dire que, même s'il traite du même univers que Coppola, il ne développe pas le même thème : ici ce sont les caïds d'un second rang qui l'intéressent, et non les grands chefs de famille. On suit donc la montée d'un jeune loup aux côtés de ses amis.
Scorsese s'entoure d'un trio d'acteurs extraordinaires. La composition de Ray Liotta est exceptionnelle, dans un ton difficile à trouver puisque son personnage est tout à la fois le héros qui se fait une place dans le milieu mais aussi le témoin-relais qui, le cas échéant, va jusqu'à commenter le film. Joe Pesci compose un Tommy DeVito légendaire (il y a du James Cagney dans cette boule de nerfs sans cesse prête à exploser) et De Niro, toujours fidèle, trouve lui aussi cet équilibre entre amitié et fausseté qui fait le cœur du film et de ce monde de truands.
Le brio de Scorsese éclate sans cesse. Il utilise ou bien des arrêts sur image accompagnés de voix off (magistrale scène d'ouverture avec le corps agonisant dans le coffre, achevé de façon lapidaire et barbare), ou bien de longs plans séquences fluides et jouissifs. On pense par exemple à l'entrée de Henry Hill et de Karen au Copacabana par une porte secondaire, illustration parfaite de la vie facile des affranchis.
Une séquence encore est légendaire, celle où Tommy, au restaurant, semble prêt à exploser simplement parce que Henry lui dit qu'il le trouve drôle (« What's the fuck is so funny about me ? »).

« Funny how ? I mean, funny like I'm a clown ? I amuse you ?  »
La bande originale est enthousiasmante, on sent Scorsese jubiler derrière sa caméra. Il réalise là ce qui est sans doute son meilleur film.
Au milieu de nombreux autres références, Scorsese finit son film par une vision de Henry Hill, désormais caché dans un triste pavillon de banlieue. La réalité de sa vie est bien loin de ses rêves. On voit alors Tommy pointer son revolver vers le spectateur, comme le hors-la-loi de E. Porter, dans Le Vol du grand rapide, quelques quatre-vingt-sept ans plus tôt.


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