mardi 3 février 2015

Snake Eyes (B. De Palma, 1998)




Très bon film de Brian De Palma, qui est ici épaulé à merveille par Nicolas Cage (qui, décidément, est très fort dans ces rôles d'exalté aux yeux exorbités). De Palma joue tant et plus avec l'image (là où, dans le très bon Blow Out, il jouait tant et plus avec le son) : il fait couler sa caméra le long de plans séquences époustouflants, s'amuse à faire se rencontrer un autre plan séquence avec le précédent un moment plus tard, nous montre l'envers de ce qui nous était montré tout à l'heure, joue des caméras cachées et des indices visuels. Et, sur ce mélange délirant, s'agite le magouilleur explosif Rick Santoro (N. Cage), tout en tchatche, tout en petits arrangements, qui cherche – comme le spectateur – à comprendre ce qui se trame.

Mais, derrière cette histoire de petit magouilleur, c’est à l'assassinat de JFK que pense De Palma : c'est que le fameux film de Zapruder, s'il apporte une image qui a sidéré l'Amérique, crée aussi un manque frustrant. En effet, loin de tout révéler de l'assassinat, ce petit film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Dès lors, ce qui manque à ce film célèbre, c'est son contre-champ, contre-champ qui apporterait les réponses. De Palma, en montrant l'envers de l'assassinat – envers explicatif qui déclenche la compréhension finale – expose le contre-champ dont l'Amérique rêve. Bien sûr  et De Palma le sait parfaitement  ce contre-champ n'existe pas et l'image de Kennedy assassiné continuera à jamais de mentir en ne révélant rien de ce qu'elle prétend montrer.

Mais, dans Snake Eyes, De Palma fait ce qui lui plait et donne corps au rêve : Santoro aussi bien que le spectateur, conduit de main de maître et avec beaucoup d'humour et de facilité par De Palma, finissent par décrypter ce qui s’est passé et à retomber sur leurs pieds.



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