samedi 26 octobre 2013

La Foule (The Crowd de K. Vidor, 1928)




Très bon film de King Vidor, qui propose un héros bien loin des modèles habituels d’Hollywood. En effet, même s’il ne doute pas qu’il aura sa chance et qu’il pourra la saisir, John Sims est un looser et il ne s’élève jamais au-dessus de sa condition d’employé de base. Même son ami lourdeau Bert progresse pas à pas dans l’entreprise. On suit alors la trajectoire d’un homme ordinaire, dans des tracas et des inquiétudes qu’évitent les héros des films. Mais le malheur frappe John et sa petite famille, il passe alors d’un job à l’autre mais cela ne mène à rien. Il n’a même pas le courage de se suicider.
Bien loin des standards habituels, Vidor donne donc une version particulièrement acide du rêve américain : rien ne permettra à John de s’extraire de la foule des anonymes et de se particulariser.



La fin du film pose problème puisque Vidor propose un happy end un peu artificiel qui contraste avec la fin tragique vers laquelle se dirigeait le film (mais Vidor a tourné plusieurs fins et celle proposée finalement n’est pas la plus sombre). Mais même cette fin ne permet pas plus que ça d'espérer des jours heureux pour le couple.



On ne saurait trouver plus d’écart dans une œuvre entre ce film et Le Rebelle, qui viendrait quelques vingt ans plus tard, dans lequel Vidor, tout au contraire, magnifie la réalisation personnelle et le génie individuel.

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