lundi 15 avril 2013

Tirez sur le pianiste (F. Truffaut, 1960)




Ce second film de François Truffaut est très réussi. Après la chronique douce et géniale des 400 coups, il réalise un film noir qui montre bien la très forte influence du cinéma et du polar noir américains à cette époque en France. Il reprend plusieurs codes du genre, en particulier la difficulté de s’extraire de son passé (le film se construit autour d’un long flash-back) et une certaine fatalité qui s’abat sur le héros. Mais Truffaut, à partir de ce matériau qui aurait pu être pesant, façonne un film avec une patte personnelle très réussie. Le film commence dans l’ambiance des cafés-concerts, autour du jazz et de la nuit, et s’achève dans le blanc des montagnes (annonçant la fin de La Sirène du Mississippi). Truffaut distille une certaine drôlerie – entre les deux hommes de main parfois burlesques et la chanson légendaire de Bobby Lapointe –, choisit des interprètes épatants, avec le jeu teinté de timidité de Charles Aznavour, loin des canons hollywoodiens (Bogart, Mitchum, Lancaster, etc.) et dresse (déjà) de jolis portraits de femmes autour desquelles, finalement, chaque protagoniste tourne.



Ponctué de moments étranges, originaux, expérimentaux ou laconiques, qui donnent au film une humeur singulière, Tirez sur le pianiste est une étonnante fusion entre un univers classique et une narration libre et légère.

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