jeudi 11 avril 2013

Pour toi j'ai tué (Criss Cross de R. Siodmak, 1949)




Très grand film noir réalisé par un des très grands maîtres du genre, Cris Cross (1) suit les codes habituels du genre et, comme tous les grands films de genre, le transcende par des apports originaux ou uniques.
On retrouve alors les éléments que maîtrise parfaitement Robert Siodmak (et vus, par exemple, dans Les Tueurs) : une photo magnifique, un personnage principal (Burt Lancaster, parfait comme toujours) enfermé dans un destin implacable, une femme fatale toute de fausseté, un monde de gangsters qui sont autant de petites frappes.
Si Siodmak maitrise à la perfection ces codes il construit, par-dessus ces éléments, une atmosphère étrange, onirique, comme détachée du monde. Les personnages – et notamment Thompson –, prisonniers de leur passé, semblent errer sans espoir dans un univers déconnecté de la réalité du présent. Cette sensation vient à la fois de l’assemblage de  plans larges et moyens de Siodmak, qui rejette les personnages loin les uns des autres ; de la musique lancinante ; de la photo qui découpe le cadre étrangement autour des personnages, les isolant dans un univers détaché et lointain ou d’une profondeur de champ qui étire les décors à n’en plus finir.



Siodmak, habilement, construit son intrigue à coup de flash-backs (là aussi comme dans Les Tueurs) et complexifie progressivement ses personnages. Thompson, obsédé dans son amour, sait parfaitement qu’il n’échappera pas à son destin, mais, comme pour les grandes figures du genre, fonce tête baissée.
La séquence du casse, enfin, est magistrale et le final est un aboutissement parfait et inéluctable.



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(1) : On préférera le titre d’origine, tellement plus évocateur que la platitude de « Pour toi j’ai tué ».

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