vendredi 28 décembre 2012

Shock Corridor (S. Fuller, 1963)




Film percutant de Samuel Fuller qui prend prétexte d’un journaliste ambitieux, Johnny Barrett, qui enquête sur les hôpitaux psychiatriques pour enfermer un homme en bonne santé au milieu de fous (le thème est à la mode, le roman Vol au-dessus d’un nid de coucou, de K. Kesey, et dont s’inspirera Forman, est paru la même année).
L’asile devient une allégorie de l’Amérique, en particulier le couloir – la « rue » – où l’on croise les tares de l’Amérique et le produit de son histoire, depuis des allusions à la guerre de Sécession ou au Ku Klux Kan jusqu’au savant fou. Mais si Samuel Fuller n’y va pas de main morte avec ces dénonciations, il désigne clairement l’Amérique elle-même comme responsable de ces folies. Et, inévitablement, Johnny Barrett (dont l’ambition est une première folie, la seconde étant de tromper son monde et sa propre identité en cherchant à passer pour fou) sombre peu à peu dans la folie.


Si le film amasse et brasse peut-être trop de thèmes (se surajoute une énigme policière peu convaincante), le style percutant et baroque de Fuller fait mouche, avec cette façon d’asséner des scènes comme autant de coups de poings. La séquence où Johnny bascule dans la folie – avec l’orage qui se déverse dans la « rue » et des visions de chutes d’eau en couleur qui font irruption – est un exemple incroyable de cette réalisation à la fois virtuose et violente.

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