mercredi 14 novembre 2012

Edward aux mains d'argent (Edward Scissorhands de T. Burton, 1990)




Très joli conte (signalé d’emblée et de façon très poétique par la neige qui recouvre le logo de la 20th Century Fox) où Tim Burton fait débarquer dans une banlieue proprette, sucrée et sans âme, son étrange et poétique personnage d’Edward, homme construit par un créateur isolé dans son château gothique, construit mais inachevé. Toute l’âme du film, sans doute, est dans cet inachèvement. C’est de lui, essentiellement, qu’Edward tire sa différence, son étrange attraction, mais aussi sa fragilité. Edward ressemble alors à un Pinocchio en bois qui n’a pas encore été métamorphosé en petit garçon.
Petit Pinocchio qui va tenter de se fondre dans la masse, acceptant d’être manipulé, apprenant l’hypocrisie, découvrant la méchanceté. Burton joue tout au long du film sur cette partition du monde : la vie réglée, morne, stupide, superficielle des humains et celle, féérique, d’Edward. La petite vie américaine en prend pour son grade, notamment au travers de cette hypocrisie de l’assentiment superficiel. Les femmes, en particulier, si elles sont un temps fascinées par Edward qui taille buissons, chiens et bientôt cheveux sans équivalent (avec une scène de coiffeur érotico-comique remarquable), voient bientôt titillée leur frustration, frustration qui règne dans le lotissement. Et ce monde rose et sucré va bientôt dégoupiller et rejeter Edward avec violence.


Les scènes en flash-back auprès de son créateur sont amusantes (l’esprit créatif et gothique de Burton s’en donne à cœur joie) ou touchantes : son créateur meurt avant de le doter de mains.
Mais, pour que Pinocchio devienne un petit garçon il eut fallu être accepté par la petite société du lotissement. Las, pour Burton – dont le manichéisme un peu facile passe bien, genre oblige – tout n’est que façade et illusion. Être accepté n’est pas possible pour le pauvre Edward : Pinocchio ne se métamorphosera jamais en petit garçon. Edward alors, qui ne peut être accepté par tout le monde va accepter la solitude.
Être comme tous ou rester seul : la leçon du conte, derrière sa féerie, est très acide.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire