lundi 3 septembre 2012

Les réalisateurs contrebandiers



Dans son Voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (A Personal Journey with Martin Scorsese trough American Movies), Martin Scorsese propose le concept de réalisateurs contrebandiers. Il désigne ainsi les réalisateurs capables, malgré un système hollywoodien parfaitement huilé et contraignant, d'imposer un style, une manière de faire, un ton particulier : il s'agit donc de ceux qui réussissent à passer entre les mailles du filet ou qui parviennent à utiliser les failles du système.
Ces réalisateurs parviennent à s'exprimer le plus souvent au travers de films de seconds rangs, qui coûtent moins cher et qui sont donc moins surveillés par les studios (1).
Ces réalisateurs, parfois prestigieux, sont souvent moins connus du grand public et ne sont côtoyés que par les cinéphiles. Ils sont pourtant auteurs de chefs-d’œuvre remarquables. On pense à Jacques Tourneur, Max Ophüls, Allan Dwan, J.-H. Lewis, Edgar Ulmer, Ida Lupino, Samuel Fuller, etc.

Le Démon des armes, de J. H. Lewis

Notons que Scorsese lui-même, quand il était encore peu connu et donc contraint à des films à petits budgets de seconds rangs, fut un parfait contrebandier : son Bertha Boxcar en est un bel exemple.



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(1) : Le critique américain Manny Farber parle, dans le même esprit, de réalisateurs termitesqui creusent des galeries sous le sol, en catimini, sans fard et sans faste. Il les oppose aux éléphants blancs qui, eux, cherchent à se placer en pleine lumière. On retrouve dans cette distinction d'une part l'humilité désintéressée de la série B et, d'autre part, tout l'artifice hollywoodien de la grosse production.

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